Comtes, ducs puis rois, les Savoie ont dirigé la région pendant près d’un millénaire. Selon la légende, c’est à la suite d'une grande bataille sur le plateau de Sardières que la Maison de Savoie aurait installé son pouvoir sur le territoire. Un mythe qui rappelle que l’histoire sert aussi les intérêts politiques des Etats.

Vers l’an 1000, Bérold de Saxe vassal du roi de Bourgogne Rodolphe III et légendaire ancêtre de la Maison de Savoie, aurait remporté à Sardières une grande victoire sur les Piémontais qui, sous le commandement du marquis de Suse, avaient envahi la Maurienne. Battus à Chamousset, Epierre, St-Jean, les Piémontais auraient reculé jusqu’à l’Esseillon. Bérold ne leur laissa pas le temps de se retrancher, laissant une partie de sa troupe au Bourget, il gagna Termignon par la rive gauche de l’Arc pour prendre l’ennenmi à revers. Le marquis de Suse craignant d’être pris en tenaille bat en retraite sur Sardières. Erreur fatale. Le charmant plateau ensoleillé va se transformer en piège mortel pour les rebelles.
L’épouvantable bataille dura de 9 heures à 15 heures dont resta un grand nombre de morts et blessés de part et d’autres. La victoire de Bérold est totale et ceux qui parviennent à s’échapper sont vivement poursuivis et presque tous massacrés dans les environs de Lanslebourg.
Sorti vainqueur de cette bataille, Bérold de Saxe serait devenu le fondateur de la maison princière de Savoie et pour célébrer sa victoire, Bérold aurait fait éléver, près du champ de bataille, une chapelle dédiée à Saint Laurent. Ce serait l’actuelle église de Sardières en laquelle la tradition populaire reconnaît cette illustre origine.
Vérité historique ou légende, même l’existence de Bérold de Saxe est sujette à caution. Quelles en seraient les preuves ?
Vers 1840 le curé Molin de Sardières a écrit que sur l’esplanade du roc où campa probablement les troupes du marquis de Suse on voit les restes d’un vieux retranchement (lieu dit du Chateau), sur un éperon dominant la route 700 mètres à l’Est de l’église Sardières. En minant le sol on aurait trouvé de lourdes armures, des vieilles monnaies, des médailles anciennes, de nombreux tombeaux de pierre, des ossements humains. Auraient été trouvées aussi en 1844 une épée et une lance du moyen âge. Rien de tout cela n’a été retrouvé de nos jours…
En 1892, un capitaine du 13e BCA, en cantonnement à Sardières, s’intéressa au camp retranché du chateau. Des fouilles permirent de découvrir les fondations de murs de pierres sèches, les traces d’un long fossé, auraient été trouvés des morceaux de poteries, des pierres rougies au feu.
En 1979, des fouilles entreprises par un archéologues de la vallée permirent de préciser la forme de la fortification mais les sondages pourtant nombreux ne décelèrent pas le moindre objet, la plus petite trace de foyer. Le mystère n’est pas éclairci, un camp a existé autrefois, la tradition populaire n’est certainement pas sans fondement, mais il n’est pas possible d’être plus précis.

Eglise de la Saint Laurent à Sardières et dans la forêt dérrière le lieu dit du chateau
Sur la porte de l’église la plaque du heurtoir qui représente un combat de chevaliers n’illustre pas la bataille de Sardières comme le curé Molin voulait y voir un souvenir, mais provient d’une garde d’épée, qui a été expertisée à une date pas antérieure à la fin du XVI siècle et qui aurait été abandonnée par un voyageur passant le Mont Cenis, objet sans rapport avec la bataille de Sardières.